Les Recherches en Alsace
Les recherches généalogiques en
Alsace présentent un certain nombre de particularités (principalement en ce qui concerne
les langues et écritures utilisées dans la rédaction des divers actes). Ces nombreux particularismes résultent de
lhistoire de la province ; les spécificités en découlant étant également
liées à la diversité des confessions religieuses en Alsace.
LAlsace historique est
généralement composée des actuels départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin, et du
Territoire de Belfort (qui forma une partie du Haut-Rhin jusquen 1871). A ces
territoires se sont ajoutées lAlsace Bossue et la haute vallée de la Bruche. A
cours de la période révolutionnaire et sous le Premier Empire, lextension de
lAlsace sest prolongée jusquà lintérieur de la Suisse (Bienne)
avec lannexion au Haut-Rhin du département du Mont-Terrible. Les communes
bas-rhinoises comprises entre la Queich au nord et la Lauter au sud, cédées à la
Bavière Rhénane en 1815, sont désormais allemandes. Voir la partie Histoire de
lAlsace sur ce site.
De 1793 à nos jours : les
Registres de lEtat-Civil
Instaurés au cours de la période
révolutionnaire (décret du 20 septembre 1792), ils sont composés par les actes de
naissances, actes de mariages et actes de décès. A ces actes sajoutent les tables
décennales (index alphabétique et par nature des actes enregistrés pendant dix années
successives).
Les actes dEtat-Civil ont
été rédigés en double exemplaire : lun restant en Mairie, lautre
étant déposé chaque année au greffe du Tribunal dInstance du lieu.
Les séries de registres détenues
par les greffes des Tribunaux sont versées tous les dix ans aux services des Archives
Départementales.
Toutes les Mairies du Bas-Rhin et du
Haut-Rhin détiennent donc (sauf destruction ou perte*) un exemplaire des registres
dEtat-Civil depuis 1793.
Ces registres de toutes les communes
du département, sur la période 1793-1898, sont également disponibles aux Archives
Départementales (ABR : séries 4E et 5E ;
AHR : série 5E) et notamment sous forme de microfilms.
Les Registres dEtat-Civil en
Alsace sont rédigés
-
de 1793 à 1806/1810 : en dialecte
allemand et en style gothique
-
de 1806/1810 à 1871 : en français
-
de 1871 à 1918 : en allemand gothique
-
de 1918 à 1940 : en français
-
de 1940
à 1944/1945 : en allemand
-
depuis 1945 : en français
A noter encore que :
-
Mulhouse, enclave helvétique en France
depuis 1648, na été rattachée à la France républicaine quen 1798. Les
registres dEtat-Civil de Mulhouse et de Illzach ne débutent donc quen 1798.
-
La loi de 1897 sur les mentions marginales
des mariages na été appliquée en Alsace qu'en 1920 (après retour à la France).
-
Les doubles des registres dEtat-Civil
des communes de la vallée de la Bruche appartenant aux cantons de Saales et de Schirmeck,
et qui faisaient partie du département des Vosges jusqu'au Traité de Francfort de 1871,
sont conservés aux Archives Départementales des Vosges à Epinal (série 4E).
-
Le Territoire de Belfort, qui faisait partie
intégrante du département du Haut-Rhin jusqu'en 1871 (Traité de Francfort), conserve
les registres paroissiaux et d'Etat-Civil de ses communes (série E aux ADTB) dans ses
Mairies et Archives Départementales, à Belfort.
·
Exemple 1 de destruction ou perte : les
registres dEtat-Civil de la Mairie de la localité de Rittershoffen (Bas-Rhin,
arrondissement de Wissembourg) on été en grande partie perdus par faits de guerre
(Bataille de chars de Hatten-Rittershoffen en 1945), si bien que lon ne trouve plus
en Mairie que les actes postérieursà 1878. Pour le généalogiste, il faut avoir recours
à la seconde série (celle du greffe du Tribunal), déposée aux Archives
Départementales du Bas-Rhin)
·
Exemple 2 de destruction ou perte : les
registres dEtat-Civil de la localité de Berstheim (Bas-Rhin, arrondissement de
Haguenau) ne sont plus disponibles en Mairie
pour ceux rédigés avant 1880, à la suite dun incendie. Aux Archives
Départementales du Bas-Rhin, les registres sont également en partie perdus. Le double de
1793-1869 a également été détruit en 1870. Ne restent plus quun registre de
Naissance (1831-1854) et quelques années des Décès. Les tables cantonales de Haguenau
peuvent alors présenter une forme de substitution.
Avant
1793 : les Registres Paroissiaux
Si la
rédaction des registres paroissiaux a été instaurée en France en 1539, par lEdit
de Villers-Cotterêts, lAlsace (terre du Saint Empire Romain Germanique
jusquen 1648) attendra une ordonnance de lIntendant Général dAlsace
qui instituera, en 1685, la tenue obligatoire de Registres Paroissiaux (baptêmes,
mariages et sépultures), en un seul exemplaire et avec la signature des parties.
Avant
lordonnance de 1685, la tenue de registres en Alsace était du ressort des
juridictions seigneuriales et par conséquent irrégulières.
Les Registres
Paroissiaux de la religion Protestante sont plus anciens (ils apparaissent vers le 16ème
siècle, et pour le premier registre luthérien et réformé, en 1524) que les Registres
Paroissiaux de la religion Catholique (non application des mesures prises lors du Concile
de Trente de 1563).
A noter que les
registres paroissiaux des églises réformées furent interdits sur la période
1685-1787
- Les registres
catholiques : [Voir la Carte de Evêchés]
-
Pour la
majeure partie de lactuel Haut-Rhin (à lexception la partie occidentale de
lactuel Territoire de Belfort, qui dépendait de lArchevêché de Besançon),
lEvêché de Bâle (Suisse) avait prescrit l'ouverture de registres dès 1581
-
Pour une
grande partie de lactuel Bas-Rhin (hormis lAlsace Bossue, et
lOutre-Forêt qui dépendaient respectivement des Evêchés de Metz et de
Spire-Speyer), lEvêché de Strasbourg a laissé l'initiative aux prêtres des
paroisses du Diocèse (lequel sétendait en Pays de Bade). Par conséquent, on ne
trouve que peu de registres antérieurs aux années 1600- 1650 (des registres ont
également été perdus par faits de guerre, lors des ravages de la Guerre de Trente Ans
de 1618-1648).
Après 1685,
les prêtres catholiques et pasteurs protestants ont globalement bien suivi
lordonnance de lIntendant dAlsace.
Les registres
ont par la suite été tenus en double exemplaire,
-
depuis 1743
(Bas-Rhin)
-
depuis 1747
(Haut-Rhin)
La plupart des
registres paroissiaux des deux confessions, se trouvent désormais aux Archives
Départementales (pour le Bas-Rhin : séries 2E
et 3E et pour le Haut-Rhin : série 5E), à
l'exception de registres des villes ou de rares villages qui les détiennent dans leurs
archives propres. Tous les registres paroissiaux sont consultables sur microfilms, pour le
Bas-Rhin aux ABR (Archives départementales, à Strasbourg), et pour le Haut-Rhin au CDHF
(Centre Départemental dHistoire des Familles, à Guebwiller).
Les Registres Paroissiaux en Alsace
sont généralement rédigés
-
pour les catholiques : en latin vulgaire
-
pour les protestants : en dialecte
allemand gothique (luthériens), voire également en français (pour les calvinistes)
LAlsace a
été une terre daccueil pour différents cultes : catholiques, luthériens,
réformés ou calvinistes, mennonites, juifs
Les Archives Notariales
Les archives
notariales (minutes) dAlsace présentent également de nombreuses particularités.
Elles bénéficient d'une situation privilégiée, puisque tout le notariat ancien est
déposé et consultable aux Archives Départementales (sous la série E) et ne sont plus conservés dans les études
particulières des notaires.
Cependant, la
difficulté sera l'absence de répertoires des minutes notariales avant la période
révolutionnaire : absence de taxes d'enregistrement des actes comme dans le reste de
la France.
Avant 1650, on
trouvera que peu de minutes notariales (sauf quelques tabellionages urbains).
Les actes
notariés de l'Ancien Régime, en Alsace, ont été généralement rédigés en langue
allemande, à lexception des études situées dans les parties francophones et des
notaires royaux.
Bibliographie :
« Manuel du Notariat en Alsace »
Les actes
alsaciens, quils soient rédigés en langue française ou en langue allemande, sont
sujets à comprendre dans leurs textes des mots issus de l
« alsacianisme ». Ces mots
peuvent être écrits plus ou moins phonétiquement avec l'accent alsacien. Parmi les
exemples les plus courant, on peut citer les déformations des « gé » en
« ché », « d » en « t », « b » en
« p », « gard » en « ckhard » et bien
dautres
- Les patronymes et prénoms
En raison du
bi-linguisme, les et patronymes se retrouvent souvent sous plusieurs graphies
différentes (parfois dans un même acte) : le patronyme Kirmann est également
orthographié Kirrmann, Kir(r)man, Kehrman(n), Kürman(n),
|
Baechtel devient Bächtel, Bechtel(l), Pechtel,
| Kremser devient
Grembser,
| Mattern apparaît sous la forme de Mathern voir de Materne,
Les patronymes
et prénoms peuvent encore être écrits dans les trois langues (français, allemand,
alsacien), et dans certains cas, certains noms sont traduits dun acte à
lautre (en particulier dans les régions des vallées vosgiennes) : le prénom
Demange (Dimanche) devient Sonntag, Le Chasseur devient Jäger,....
Le dénommé
Etienne signe Stephan, Nicolas est écrit Nikolaus, Claus, Jean se retrouve logiquement en
Johannn, Johannes Hans(s), Xavier en Xaver, voire Xaverÿ, Joséphine en Finel
(finele) ; de même Jean-Batiste se dit en dialecte Chambediss, Joseph
« Sepp » ou « Seppel »
.
Dautre
part, il est courant de rencontrer sur les actes rédigés en allemand gothique sur la
période 1871-1918 les signatures des déclarants et témoins en langue française et par
conséquent en caractères latins.
- Les
noms de localités
Sans compter
les changements de dénominations des toponymes étant intervenus au cours de
lhistoire de lAlsace (surtout lors des annexions et changements de langues
officielles), les noms des localités dAlsace ont fréquemment changé
d'orthographe. La ville de Sélestat est la même que Schlestadt, Schlettstadt, Rombach le Franc = Deutsch-Rumpach,
Saint-Pierre-Bois = (Sankt)Petersholz, Sainte-Marie-aux-Mines = Markirch, Haguental-le-Bas
= Niederhagenthal, Obernai = Oberrehneim, Wihr-au-Val = Weier im Thal, Ribeauvillé en
français = Rappoltsweiler en allemand = Rapschwihr en alsacien, Rorschwihr = Rohrschweier
= Rohrschvyr, Wissembourg = Weissenburg = Weysenbourg
- Le calendrier
Les mois du
calendrier grégorien selon leurs dénominations en dialecte alsacien peuvent varier selon
les actes. On peut ainsi trouver pour le mois de janvier : Janer, Jenner, Hartmonat,
Hartung, ou encore Eismond ; pour le mois de février : Hornung, Wintermonat,
Taumond, ou Narrenmond;
Au cours de la
période révolutionnaire, où apparaît le calendrier républicain (utilisé de 1792 à
1805), les actes en allemand utiliseront les dénominations françaises déformées en
dialecte (ex. "Bluviose", "Vendose"), ou encore une traduction
allemande ("Nebelmonat" pour le mois de Brumaire, "Wiesenmonat" pour
celui de Prairial,
).
-
de 1871 à
1918, lAlsace appartient, avec lactuel département de la Moselle, au
Reichsland Elsaß-Lothringen (terre dempire) et à Strasbourg pour capitale. Les
départements Oberrhein (Haut-Rhin) et Niederrhein (Bas-Rhin) qui subsistent encore
quelques temps après 1871, sont remplacés par deux « Bezirke »
(équivalent des départements) :
o en
Basse-Alsace le Bezirk Unter-Elsaß (ancien Bas-Rhin auquel sajoutent les
cantons vosgiens de Saales et Schirmeck), chef-lieu : Strasbourg ; qui comprend
08 Kreise (arrondissements) :
§
Erstein
§
Hagenau
(Haguenau)
§
Molsheim
§
Schlettstadt
(Séléstat)
§
Straßburg-Stadt
(Strasbourg)
§
Strasßburg-Land
(Strasbourg-Campagne)
§
Weissenburg
(Wissembourg)
§
Zabern
(Saverne)
o en
Haute-Alsace le Bezirk Ober-Elsaß (ancien Haut-Rhin moins la région de Belfort),
chef-lieu : Colmar ; qui comprend 06 Kreise (arrondissement) :
§
Altkirch
§
Gebweiler
(Guebwiller)
§
Colmar
§
Mülhausen
(Mulhouse)
§
Rappoltsweiler
(Ribeauvillé)
§
Thann
Voir le site de
R. Behra : http://members.aol.com/robtbehra/AlsaceA-Z/admin.htm
pour le classement des arrondissements, cantons et communes dAlsace
Autres Cours :
Complément
sur « lOption » pour la Nationalité Française (1871-1872)
A la suite de
la défaite française au cours de la guerre franco-prussienne (1870-1871), et du Traité
de Paix signé à Francfort le 10 Mai 1871, lAlsace est officiellement annexée (à
lexception de lactuel Territoire de Belfort) au nouvel Empire Allemand. Il a
été laissé aux Alsaciens et aux Mosellans la possibilité d'opter définitivement pour
la Nationalité Française, avant la date du 30 Septembre 1872, avec pour les
« Optants » un départ de leur région vers le reste de la France, l'Algérie,
le continent américain,
.
Les Archives
Nationales conservent un fichier des bulletins d'Option. Ces derniers sont classés par
ordre alphabétique (Sous-série BB 31 1532), et des listes alphabétiques d'
« Optants » ont été publiées dans le Bulletin des Lois de 1872 à 1873 (AD
série K).
Toutefois, la
prudence est requise ; en effet, d'une part, de nombreux « Optants » sont
en fait restés sur place ou sont revenus ultérieurement et, d'autre part, les
« Optants » comprennent également des Alsaciens émigrés avant la 1870.
Daprès
les ouvrages de référence de Cl. Roll
et Ch. Wolff
© 1998-2000 Xavier Maillard, et FranceGenWeb
(Tous droits réservés)